Le temps. Des secondes s'écoulent et deviennent des minutes, puis des heures et des jours. Les jours se transforment en semaines, en mois et en années, puis les années en siècles et en millénaires. Ces mêmes secondes sont les unités infinitésimales qui rythment la rotation de la terre et les grands cycles cosmiques. Le temps est un titan qui danse sur des pointes. Si les physiciens et les philosophes tentent depuis toujours de comprendre cette chose insaisissable qu'est le temps, pour le commun des mortels, le temps représente le mouvement inexorable de la vie et la date de péremption qui plane sur sa fragile existence liée à sa condition humaine. Tout au long de son incarnation, le temps constitue pour l'être humain une source d'angoisse, de frustration et d'incompréhension. L'être ne comprend pas le temps et il en souffre. La cause de cette souffrance est sa difficulté à supporter le temps.
Dans la Grèce antique, le temps a plusieurs visages. Selon la manière dont il est perçu et vécu, il est tour à tour Chronos, Kairos ou Aiôn. Si la philosophie a pu satisfaire les philosophes, elle n'a cependant pas réussi à soulager l'homme moderne de son conflit intérieur lié au temps, ce temps qui régie implacablement sa vie, depuis son premier souffle jusqu'au dernier. Le temps se déroule selon des principes qui échappent à l'homme et ceci génère en lui une souffrance à géométrie variable qui montre toute sa difficulté à supporter le temps : impatience, agacement, impuissance, angoisse, frustration, désarroi, doute et questionnement sans fin. L'homme lutte contre le temps. Il craint d'être en retard ou de devoir attendre ; il déteste perdre son temps et s'il croit le perdre, il cherche à le rattraper ou à en gagner davantage. Il se projette dans le futur, se retourne sur le passé ; il collectionne les souvenirs et accumule les traces laissées par le temps, au point que le passé prend parfois plus de place que le présent, si difficile à habiter pour lui. Mais plus que tout, l'homme craint le vide et l'inertie. Il ne supporte pas que le temps passe et que rien ne se passe. Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'homme n'est pas très à l'aise avec le rien. Et si ce rien le terrifie autant, c'est parce qu'il le met face à l'inconsistance de sa fausse identité, qui n'est pas en capacité d'intégrer la totalité de son énergie et de réaliser l'infinité de sa conscience. Et ça, voyez-vous, ce n'est pas rien.
Pour l'homme, le temps est un problème insoluble avec lequel il va devoir traiter toute sa vie... jusqu'à ce qu'il réalise que le temps n'est pas un problème à résoudre, mais un phénomène à comprendre.
COMPRENDRE L'ACTION CRÉATIVE DU TEMPS
Si les scientifiques sont parvenus à mettre le temps en équation, le temps est avant tout une condition subjective de l'ego qui appartient à son architecture mentale. La difficulté à supporter le temps relève donc de sa psychologie et de sa mémoire, et repose sur son insécurité liée à sa fausse identité. Car l'être planétaire n'est pas réel. Il n'est pas assis sur son identité réelle, connectée à sa conscience cosmique, mais sur une identité subjective, conditionnée par sa conscience planétaire. Ses fondations sont donc instables : il est enclin au doute ; il manque d'assurance et de confiance en lui. Il traite avec le temps de manière émotive et ne comprend pas le sens profondément évolutionnaire de sa vie qui s'inscrit dans la chronologie des événements. Tant que l'être n'est pas individualisé dans sa conscience, qu'il n'est pas assis sur son identité réelle, il continue de souffrir du temps et des injonctions qu'il déclenche en lui. A titre d'exemple : vous avez peur de passer à côté de quelque chose ou même de votre vie. Vous craignez de ne pas aller assez vite ou de ne pas en faire assez. Vous mettez en place des choses qui ne fonctionnent pas ou pas assez vite pour vous. Vous vous inquiétez ; vous vous interrogez et vous finissez par douter totalement de vous et de vos capacités. Vous traitez donc avec le temps de manière émotive, tout en vous demandant ce que vous pourriez bien faire pour rendre le temps plus supportable.
Or le temps est l'œuvre de l'esprit et non celui de l'ego, de ses désirs et de ses attentes. Le temps orchestre la chronologie des événements selon le mouvement créatif de l'esprit et c'est bel et bien l'esprit qui, à travers le temps, manipule l'énergie à des fins d'évolution. A travers le temps, l'être vit ainsi, sans le savoir, l'action interventionniste de l'esprit, une action pour le moins abrasive et décapante qui va jusqu'à contrecarrer ses projets pour le forcer à lâcher prise afin qu'il puisse sentir en lui le mouvement de sa propre énergie et de sa conscience. Et soyez sûr d'une chose : l'esprit redoublera de malice - ou plutôt d'intelligence - pour forcer l'ego à s'aligner sur son action, au lieu d'obéir aux injonctions de sa psychologie planétaire.
Imaginez que vous soyez relié à des cordes épaisses, tendues verticalement. Toutes ces cordes font partie intégrante de votre architecture mentale et vous maintiennent dans l'aliénation mentale ordinaire dont j'ai parlé précédemment : la corde de l'impatience, la corde de la frustration, la corde du doute, la corde de la peur, la corde de l'impuissance et la corde du contrôle. Gardez cette vision en tête quelques instants et sentez en vous ces cordes tendues à l'extrême. Et bien le temps est une lime qui vient frotter inlassablement ces cordes jusqu'à ce qu'elles cèdent. Ainsi, plus la corde est épaisse et en tension, plus il va falloir du temps pour en venir à bout.
Durant cette érosion plus ou moins longue et fastidieuse, l'ego est progressivement ajusté jusqu'à ce que vous réalisiez la parfaite adéquation entre la chronologie des événements dans votre vie, le mouvement de votre énergie et l'évolution de votre conscience.
Comprendre les périodes d'attente
La difficulté à supporter le temps se manifeste tout particulièrement durant les périodes d'attente où la vie matérielle tourne au ralenti, quand elle n'est pas réduite au point zéro. L'être traverse alors le vide et le temps semble se suspendre. Mais en réalité, le temps ne se suspend jamais ; son action créative est simplement devenue invisible aux yeux de l'ego. Or l'invisible précède toujours le visible. Le fœtus est façonné durant 9 mois, dans l'ombre du ventre de sa mère, et la graine se développe sous terre, avant que les premières pousses ne soient visibles. C'est dans l'obscurité et dans l'invisible que le processus alchimique peut se déployer, non en pleine lumière. Si les périodes d'attente conviennent rarement à l'ego qui exige des résultats tangibles, elles correspondent toujours à des phases de gestation et de maturation de l'énergie. Est-ce qu'une mère sensée exigerait de voir le visage de son bébé 6 mois avant son terme, tout en priant qu'il soit en bonne santé ? Aucune. Le temps est un facteur de transformation, de transmutation, de maturation et d'évolution. Il transforme le fœtus en adulte et la graine en arbre. Et il faut plus de temps pour transformer un vin en grand cru que pour en faire une simple piquette. Vous devez comprendre que chaque fois que vous vivez cette difficulté à supporter le temps, vous ne parvenez pas en réalité à supporter le poids de votre propre énergie. Vous faites obstacle au mouvement créatif de votre esprit qui tente, de toutes les façons possibles, de vous guider au milieu du néant vers votre propre lumière.
Vous vous opposez au temps et simultanément, vous vous opposez à vous-même.
Imaginez que vous soyez assis à l'intérieur d'un canoë, une rame dans chaque main. Vous pagayez de toutes vos forces avec la désagréable impression de ne pas avancer, de faire du sur-place et pour autant, vous continuez de pagayer. Vous allez finir par ressentir, à un moment donné, la fatigue, le découragement et la lassitude s'installer. Maintenant, prenez de la hauteur. Depuis ce nouveau point de vue, vous pouvez constater qu'en réalité, vous pagayez à contre-courant. Sitôt que vous avez réalisé cela, vous pouvez instantanément, dans votre conscience, faire pivoter votre canoë à 180 degrés pour vous aligner sur le sens du courant. C'est tout de suite plus léger ; votre corps est moins douloureux et votre mental est moins agité. Sentez que le mouvement et la fluidité reviennent en vous. Vous pourriez même être tenté, face à la vitesse du courant, de vous accrocher aux rames pour cette fois freiner votre progression. Vous passez donc de vouloir avancer à vouloir ralentir. Le problème n'est donc pas le courant, mais votre tendance à contrôler son mouvement. Or le pas suivant - vous vous en doutez - consiste justement à lâcher les rames en faisant totalement confiance au courant et au mouvement de l'énergie. L'eau, tout comme l'énergie, est intelligente : elle sait contourner les obstacles sur sa route, les submerger et les faire éclater si nécessaire. Si vous faites confiance à l'eau et que vous vous abandonnez à son courant, elle vous mènera à bon port... mais selon un temps et un itinéraire qu'elle seule connait et qui ne sont certainement pas ceux vous aviez envisagés.
Si le temps fait rarement l'affaire de l'être inconscient, il fait toujours l'affaire de l'être conscient qui reconnaît son action créative dans sa vie.
Le temps est pour lui toujours parfaitement utilisé : jamais perdu, il n'a pas besoin d'être gagné non plus. Affranchi de la mémoire de l'âme, libre dans sa conscience, l'être devenu réel fait corps avec le temps. Le temps s'ouvre devant lui et lui offre tout l'espace dont il a besoin pour accomplir ce qu'il doit accomplir. Il ne vit ni le manque de temps qui créé le stress, ni le trop de temps qui créé l'ennui. Le temps est ainsi parfaitement rempli, parfaitement dosé, parfaitement ajusté. Le temps lui donne la bonne mesure en toute chose.
Comprendre le temps dans le processus de transformation
Dans ce processus de transformation avec les Baumes sonores, on peut distinguer deux temps, le temps court et le temps long. Le temps court correspond à ce que vit l'être dans l'instantanéité de son expérience : les ressentis durant les écoutes, les prises de conscience et les synchronicités. Le temps long est plus difficile à appréhender car il s'étale sur une période qui dépasse l'expérience d'écoute, sur des semaines, des mois ou plus. C'est ainsi que même après les écoutes, les Baumes sonores poursuivent leur œuvre de manière autonome et il n'est pas rare de les ressentir ou de les entendre encore en soi. Les Baumes sonores portent les germes de la future conscience de l'humanité. L'être qui les écoute est en quelque sorte ensemencé et le temps long correspond à la lente germination de cette nouvelle conscience.
A ce propos, je vous recommande l'écoute du Baume sonore n°07 dédié à la thyroïde. La thyroïde est un centre émotionnel important où se cristallisent les conflits liés au temps. A l'image du lit de vase au fond de la rivière, elle représente le lit de l'anxiété latente qui resurgit face au temps. Ainsi, lorsque le courant est calme, l'eau est parfaitement claire ; mais sitôt que le courant s'anime, la vase au fond de la rivière remonte à la surface et l'eau se trouble. Il en est de même avec le lit d'anxiété qui caractérise l'ego planétaire. Une dysharmonie au niveau de la thyroïde va non seulement nourrir l'anxiété et le stress, mais aussi l'impatience, l'agacement, une tendance à vous projeter dans le futur et une incapacité à être présent au présent. Et en effet, la difficulté à supporter le temps entraîne inévitablement une déconnexion du présent, mais aussi du corps. Par ailleurs, précisons qu'il ne s'agit pas de transformer l'être impatient en être patient, qui sont des valeurs psychologiques, mais de le libérer de son aliénation mentale jusqu'à ce que le temps ne soit plus un sujet de conflit... et ne soit plus un sujet tout court.
Tout au long de ce processus, le suivi individuel consiste à accompagner le mouvement de l'énergie et à harmoniser tous les plans de l'être de sorte que l'ego, dans son aliénation mentale, interfère le moins possible. L'ego est ajusté au fil des écoutes et devient de plus en plus transparent. L'être réel, authentique et intégral peut apparaître. La Présence est ancrée dans le corps et le Maître siège enfin dans sa Demeure. Assis sur son identité réelle, l'être est désormais en capacité de supporter le poids de son énergie.
Sa conscience psychologique a fait place à une conscience psychique, qui ne relève plus des conditions planétaires, mais d'une relation étroite avec son esprit et les plans de lumière.
Ne plus souffrir du temps planétaire
L'être inconscient, assujetti à la mémoire de la race, vit de plein fouet le temps planétaire et les mouvements qu'il impulse au niveau du collectif humain, à travers les événements mondiaux. Quant à l'être conscient, celui-ci n'est plus affecté par les événements planétaires dont souffre l'humanité, comme les guerres, les crises économiques, sanitaires ou autres. Non pas qu'il soit devenu insensible... mais il est bien trop centrique pour se laisser happer par les drames humains et l'inconscience des hommes. Assis sur les fondations de sa conscience individualisée, l'être centrique chevauche sa propre ligne de temps et cette ligne surplombe la ligne planétaire. Il est dans ce temps, mais non de ce temps ; il circule sur un boulevard où tous les feux sont passés au vert. Immortel dans sa conscience, l'être réel ne le deviendra dans son corps physique que dans un prochain cycle d'évolution. Néanmoins, il prépare aujourd'hui le terrain pour l'avènement de l'Homme nouveau, qui verra éclore la future conscience de l'humanité. La crainte du temps est révolue pour l'être conscient. Il glisse sur le temps comme un navire glisse sur l'eau, porté par le vent et le courant.
Campé sur ses jambes, les deux mains sur le gouvernail, le capitaine du navire observe les étoiles qui tracent dans le ciel nocturne sa trajectoire terrestre, tout lui rappelant son origine cosmique.